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Podcast : ne ratez pas notre série «spécial élections fédérales 2021»!

Pandémie galopante, coûts annoncés comme exhorbitants, incertitudes… Êtes-vous prêts pour une élection fédérale 2021 hors du commun? Chaque semaine, durant la période des élections, notre collègue David Millian fera le tour des enjeux avec des invités spéciaux avec son podcast Le Brief. Dans ce premier épisode nous faisons un état des lieux des forces en présence avec, aux micros, Tasha Kheiriddin et Brian Gallant.

Les conservateurs ont besoin d’un plan vert de calibre électoral qui évite de «sonner le glas» des solutions équilibrées

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

Cette semaine, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié son rapport – le plus désastreux à ce jour – sur l’état de la planète. Il propose cinq scénarios possibles. Dans le meilleur des cas, la terre se réchauffera entre 1,4 degré d’ici la fin du siècle; dans le pire des cas, elle cuira à 4,4 degrés de plus. La solution, selon le GIEC, est simple: «sonner le glas» de l’utilisation des combustibles fossiles.

Ce n’est pas si simple, cependant, pour les pays qui dépendent de ces carburants non seulement pour alimenter leurs véhicules, mais pour leur économie. Et cela inclut le Canada. Selon l’Association canadienne des producteurs pétroliers, la production de pétrole et de gaz naturel a contribué pour 105 milliards de dollars au PIB du pays en 2020, a soutenu plus de 500 000 emplois en 2019 et a fourni 10 milliards de dollars de revenus annuels moyens aux gouvernements entre 2017 et 2019. Au cours des six prochaines années, l’industrie des sables bitumineux paiera environ 8 milliards de dollars en impôts provinciaux et fédéraux. Ce qui aide à expliquer la réponse du ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, au rapport du GIEC: «Ce que nous faisons, c’est de dire que cela doit faire partie de la transition, mais une partie de la transition repose sur notre capacité d’augmenter les revenus pour faire les investissements nécessaires pour y arriver.»

En d’autres termes, vous ne pouvez pas lutter contre les changements climatiques sans argent sonnant et trébuchant. Vous ne pouvez pas créer de sources d’énergie alternatives. Vous ne pouvez pas développer une technologie de capture du carbone. Vous ne pouvez pas non plus atténuer les effets des changements climatiques, dont certains ne seront pas réversibles, du moins de notre vivant.

C’est un fait que de nombreux écologistes – et politiciens – ignorent couramment. Au lieu de cela, les opposants des libéraux se concentrent sur l’argent que le gouvernement a dépensé dans le secteur pétrolier et gazier. «Justin Trudeau a dépensé plus de 20 milliards de dollars de fonds publics pour acheter et construire un pipeline. Rien que l’année passée, les libéraux ont accordé 18 milliards de dollars de subventions au secteur pétrolier et gazier», peut-on lire dans un communiqué du NPD.

L’achat par le premier ministre du pipeline Trans Mountain allait toujours être difficile à vendre auprès des progressistes. Ajoutez à cela l’effondrement en cours du Parti Vert, et cette dissonance menace de devenir un problème encore plus important. Lors des élections de 2019, le sort de 47 circonscriptions a été décidé par une marge de 5% ou moins des voix. Si le NPD peut aller chercher les votes verts, cela pourrait les aider à percer dans les circonscriptions où les néo-démocrates et les libéraux se retrouvent presqu’à égalité. Cela pourrait également diviser suffisamment le vote pour permettre aux conservateurs de «se placer au milieu» dans les circonscriptions de la région du Grand-Toronto, comme ils l’ont fait lors des élections de 2011 au cours desquelles Stephen Harper a remporté la majorité.

De récents sondages ont révélé que le NPD pourrait être davantage une menace pour une majorité libérale que les conservateurs. Le parti profite d’un coup de pouce, notamment dans le groupe des 18-29 ans, où Nanos Research place les libéraux à 36,6%, le NPD à 26,5%, les conservateurs 20,7% et les verts à 7,5%. Alors que les jeunes électeurs sont traditionnellement moins nombreux à se rendre aux urnes que les électeurs plus âgés, cela pourrait changer avec le bon degré de motivation, telle que l’insatisfaction à l’égard du gouvernement en place.

Alors que les libéraux et le NPD se battent pour le vote progressiste, les conservateurs, eux, doivent composer avec leurs propres contradictions. Lors de la convention virtuelle du parti en mars 2021, 54% des délégués ont fait un pied de nez à leur chef et ont rejeté l’ajout de l’expression «les changements climatiques sont réels» au programme du Parti. Ceci, un jour après qu’Erin O’Toole eut promis que les conservateurs auraient «un plan sérieux et complet sur les changements climatiques pour réduire les émissions» lors des prochaines élections.

O’Toole ne peut pas mettre en colère sa base pétrolière, mais il doit faire appel à l’électeur pragmatique qui comprend le lien entre l’économie et l’environnement, qui convient que le développement technologique, et non la privation d’énergie, est la voie la plus claire à suivre pour résoudre la crise climatique. Alors que les libéraux foulent maintenant ce terrain, les conservateurs doivent sortir leur propre plan vert – un plan qui évite de «sonner le glas» des solutions équilibrées.