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Brian Gallant: Mordus de Politique

Brian Gallant, conseiller spécial chez Navigator et PDG du Centre canadien pour la mission de l’entreprise, s’est joint aux Mordus de Politique avec Sébastien Bovet, Dimitri Soudas, Françoise Boivin et Jean-François Lisée pour discuter de la dernière promesse électorale d’Erin O’Toole de donner au Québec les pouvoirs d’une nation dans les 100 jours de son mandat.

ELXN44 : Tout est une question de confiance!

La course à l’élection n’a commencé que depuis 5 jours que bien des enseignement sont déjà à tirer. Le premier d’entre eux? Avant de pouvoir espérer le vote d’un électeur, encore faut-il lui inspirer confiance… Or, c’est une tâche plus difficile pour certains que pour d’autres… Là où Erin O’Toole ne rassemble pour le moment que 22% d’impression positive ou très positive, d’autres comme Yves-François-Blanchet ou Jagmeet Singh oscillent au-delà des 40% (voir les résultats de notre recherche ici). Quelles sont les implications de tels résultats? Et quels ont été le grands moments forts de cette semaine? David Millian, hôte du podcast Le Brief, en parle avec ses deux collègues Tasha Keireidhin et André Turcotte, directeur de notre département de  recherche Découvrir.

Bonne écoute!

Comment le Bloc québécois pourrait priver Justin Trudeau de sa majorité

Lire la version originale anglaise de ce texte sur le site du National Post

L’autobus dit tout. Sur un fond bleu ciel, le mot «Québécois» se dresse à cinq pieds de haut à côté d’une image encore plus grande du visage du chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet. Le message est aussi subtil qu’un défilé de la Saint-Jean-Baptiste: le Bloc est le parti des Québécois, pour les Québécois… et Blanchet est un Québécois dans l’âme.

Francophone, originaire de Drummondville, ancien enseignant, directeur artistique et ministre provincial sous le Parti québécois, Blanchet a pris la barre du Bloc en 2019 alors que le parti croupissait avec ses 10 sièges. Sous sa direction, le parti est revenu à la vie lors des élections fédérales de cette année-là, remportant 22 sièges, principalement aux dépens des conservateurs et du NPD. La vague orange de l’ancien leader Jack Layton avait depuis longtemps reculé; sous Jagmeet Singh, le parti n’a conservé qu’une seule circonscription, Rosemont-La-Petite-Patrie, sur l’île de Montréal. Les conservateurs d’Andrew Scheer, eux, sont tombés à dix sièges, et l’ancien conservateur devenu chef du Parti populaire, Maxime Bernier, a été battu en Beauce, dans la région de Québec. Lorsque les votes ont été comptés, le décompte final s’élevait à 35 pour les libéraux, 32 pour le Bloc, 10 pour les conservateurs et 1 pour le NPD.

Cette fois-ci, la lutte sera entre les libéraux et les bloquistes. Le Bloc s’est fixé un objectif de 40 circonscriptions, espérant en ravir huit aux libéraux et aux conservateurs. Sept d’entre elles sont «en région», c’est-à-dire hors de l’île de Montréal: Québec, Châteauguay-Lacolle, Chicoutimi, Sherbrooke, Longueuil–Charles-LeMoyne, Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine et Argenteuil. La seule circonscription montréalaise est Hochelaga, que les libéraux ont repris au NPD en 2019.

«On parle de circonscriptions dont les chiffres suggèrent que la machine très puissante du Bloc en 2019 a été très proche de gagner», a déclaré Blanchet au Journal de Montréal cette semaine. «On a le droit d’avoir de l’ambition. On a de l’ambition pour le Québec.»

Mais comment cette ambition s’exprimera-t-elle? La plus grande énigme du Bloc réside dans son existence même. Est-il là pour arracher des concessions à Ottawa et permettre aux Québécois majoritairement francophones de vivre mieux leur vie au sein du Canada? Ou son objectif ultime est-il de créer un pays indépendant?

Sur papier, le but du Bloc est la séparation, mais le parti ne le crie pas sur tous les toits. Il met plutôt l’accent sur son rôle de défenseur des intérêts du Québec. Lors de sa «tournée estivale» cette année, Blanchet a vanté l’appui du gouvernement fédéral à l’industrie de l’aluminium de la province et les modifications pro-francophones apportées à la Loi sur les langues officielles, ainsi que l’adoption du projet de loi 96, qui donne essentiellement au premier ministre du Québec, François Legault, la capacité de modifier sa constitution et décréter le français comme langue officielle au Québec.

Attendez-vous donc à ce que Trudeau essaie de peindre Blanchet dans un coin sur la question de la souveraineté, notamment lors du débat français des chefs prévu le 8 septembre. Va-t-il ou non ramener le débat séparatiste à l’avant-scène? Avec le récent accord sur les garderies abordables et la coopération entre Ottawa et Québec à un niveau record, le Québec n’a-t-il pas intérêt à demeurer au sein d’un Canada uni?

Et tandis que Blanchet peut prétendre être le meilleur «porte-drapeau» du Québec, Trudeau le surpasse en fait sur une question importante: peut-il «comprendre les gens comme moi»? Dans un récent sondage de la firme Navigator, 46% des répondants québécois affirment que Blanchet les comprend assez ou fortement; mais encore plus (50%) pensent de cette façon à propos de Trudeau. Singh et O’Toole obtiennent tous deux de moins bons résultats, à 38% et 32% respectivement.

Les principaux enjeux au Québec pour cette élection incluront la vaccination obligatoire (Blanchet a récemment reproché à Trudeau d’avoir forcé la vaccination des employés du secteur public alors que le système de paie Phénix du gouvernement en difficulté ne peut même pas leur faire parvenir leurs chèques à temps), les changements climatiques (l’opposition à une exploration pétrolière et gazière accrue dans l’Ouest pourrait être un point de discorde important) et l’économie (qui arrive en tête de liste d’un océan à l’autre dans presque tous les sondages).

Trudeau sait que si le Bloc fait des gains au Québec, il peut dire adieu à ses rêves de gouvernement majoritaire. Attendez-vous à ce qu’on porte beaucoup d’attention à la Belle Province au cours des 34 prochains jours.