Pendant plusieurs années, le Québec a été à la traîne de l’économie canadienne, mais le voilà de retour à l’avant-scène
LORSQU’IL S’AGIT d’évoquer des fleurons économiques du Québec, Bombardier et Hydro-Québec sont deux entités qui viennent rapidement à l’esprit. Pourtant, au cours des dernières années, le Québec a réussi à se positionner comme un leader mondial de l’intelligence artificielle. En effet, selon Montréal International, Montréal rassemble le plus important groupe de chercheurs en apprentissage profond dans le monde, sans compter les quelque 9 000 étudiants inscrits à un programme universitaire avec spécialisation en intelligence artificielle et en traitement de données. Cet environnement unique donne déjà des fruits puisqu’en novembre dernier, Google annonçait l’octroi d’une subvention de 4,5 millions de dollars dédiée à la recherche universitaire et à la création d’une division spécialisée en apprentissage profond. Tout récemment, dans son édition du mois d’août dernier, le magazine Fortune présentait Montréal comme l’un des endroits les plus réputés au monde dans le secteur de l’intelligence artificielle. D’ailleurs, en novembre 2016 dans une entrevue accordée à La Presse, Yoshua Bengio, professeur à l’Université de Montréal et sommité internationale sur le sujet, mentionnait que « l’apprentissage profond est en train de révolutionner plusieurs domaines. Cela a commencé par la reconnaissance de la parole, puis la vision informatique et maintenant tout ce qui touche le langage… »
Cela explique sûrement l’empressement des deux paliers de gouvernements de soutenir financièrement ce domaine de recherche. Il suffit de constater la somme allouée par le gouvernement du Québec –100 millions de dollars étalés sur 5 ans pour la création d’une grappe industrielle en intelligence artificielle — pour comprendre l’importance qu’accorde le Québec à cette industrie. De plus, à l’aube du 150e anniversaire du Canada, le premier ministre Trudeau indiquait que l’intelligence artificielle allait « changer le monde », et se répandre à « presque toutes les industries ». Son gouvernement prévoit d’ailleurs investir 125 millions de dollars au cours des cinq prochaines années afin de soutenir la recherche dans les trois pôles suivants : Montréal, Toronto et Edmonton.
Le Québec a déjà joué un rôle de précurseur au Canada avec le développement de l’hydroélectricité ainsi que par la création d’une grappe industrielle dédiée à l’aérospatiale. Pierre Boivin, président et chef de la direction de Claridge et coprésident du comité d’orientation pour une grappe industrielle en intelligence artificielle, mentionnait en août dernier à La Presse qu’en misant sur l’aérospatiale dans les années 1980, « on a créé une industrie de toutes pièces » et qu’il ne « souvient pas de la dernière fois que Montréal avait connu une telle notoriété et montré sa capacité à être un gros joueur dans un secteur d’avenir ». On pourrait ajouter à ces réussites celle de l’industrie des véhicules électriques qui aura droit à sa propre grappe industrielle et celle du jeu vidéo qui, grâce à l’arrivée d’Ubisoft en 1997 à Montréal, a bouleversé l’industrie au Canada.
Plus que jamais, le Québec a la possibilité de s’imposer sur la scène internationale comme un joueur de la nouvelle économie du savoir. Nous entrons dans une nouvelle ère et en dépit des appréhensions légitimes touchant l’emploi dans les secteurs traditionnels, l’entrepreneuriat et le savoir-faire québécois ont le vent dans les voiles. À ceux qui, au cours des dernières années, s’inquiétaient de la vitalité du Québec, il ne fait aujourd’hui aucun doute qu’il est de retour et s’affiche comme l’un des chefs de file économique au pays.