Navigator logo
Perspectives logo

Perspectives | Publié à toutes les deux semaines

Notre magazine d'idées et de nouvelles façons de penser

Une génération dans la tourmente, et prête au changement

16 Décembre 2020
Jamie Crawford-Ritchie
Jamie Crawford-Ritchie | CONSEILLÈRE PRINCIPALE
LinkedIn icon
The letter Z which a collage of people pictured inside

La pandémie de COVID-19 a changé radicalement notre façon de voir le monde du travail, une situation jamais vue depuis une génération, peut-être même depuis toujours. Et pendant que les entreprises laissent tomber les modèles traditionnels pour s’ajuster aux réalités de la pandémie, une nouvelle cohorte de travailleurs se pointe le bout du nez : la génération Z.

« Et pendant que les entreprises laissent tomber les modèles traditionnels pour s’ajuster aux réalités de la pandémie, une nouvelle cohorte de travailleurs se pointe le bout du nez : la génération Z. »

En plus de la COVID-19, l’arrivée des Z coïncide avec d’importants changements démographiques et une sensibilité accrue sur des questions urgentes comme la crise climatique. Nous sommes à un moment charnière de l’évolution de notre société. Et il est fort à parier qu’un jour, cette génération Z sera considérée comme l’un des acteurs des changements qui s’amorcent.

La génération Z est la génération qui succède aux millénariaux. Alors que ces derniers regroupent les personnes nées entre 1981 et 1996, la génération Z englobe celles qui ont vu le jour à partir de 1997. Actuellement, la génération Z subit plus que tout autre groupe les contrecoups économiques et psychologiques de la pandémie. Mais l’histoire nous apprend que de chaque crise naissent des opportunités. Aussi, il vaut la peine d’essayer d’entrevoir le rôle que pourrait jouer ce groupe d’étudiants et de jeunes professionnels dans l’organisation du travail à l’avenir. Pour ce faire, penchons-nous sur la crise financière de 2008 et tentons de tracer des parallèles.

Il y a dix ans, après une récession marquée par le déclin soutenu de l’activité économique et l’affaissement du secteur manufacturier, l’économie de l’Amérique du Nord a commencé à se redresser. Durant la décennie qui a suivi, les travailleurs ont commencé à repousser l’âge de leur retraite, et les millénariaux, qui constituaient alors la génération la plus diversifiée sur le plan ethnique que le Canada ait connue, ont profité de milieux de travail plus intéressants que leurs parents. La participation des femmes à la vie active s’est accrue et le niveau d’éducation a augmenté. Il y avait de l’espoir.

Les millénariaux ont contribué à façonner cette économie post-récession. Leur esprit inventif a favorisé l’émergence de jeunes pousses dans des villes américaines comme Palo Alto, en Californie, à New York, et plus près de chez nous, à Vancouver, Montréal et Toronto. Leur participation à la vie économique a transformé le monde des affaires et certains aspects propres à la culture des start-ups – comme le télétravail, les jours de vacances illimités et les tenues vestimentaires décontractées – se sont frayé un chemin jusque dans les entreprises.

Dans les bureaux de Bay Street à Toronto et dans d’autres pôles d’activité du pays, le concept du travail de 9 à 5 est devenu obsolète, les téléphones filaires ont perdu la cote et les personnes ont cessé de rêver à occuper un grand bureau. Tous ces changements sont survenus grâce aux technologies mobiles qui, en plus d’accroître la productivité, ont fait en sorte qu’il était devenu beaucoup plus difficile de se libérer du travail en fin de journée…

Bien que les millénariaux n’aient pas été les seuls instigateurs de cette métamorphose, ils se sont adaptés avec plus de facilité que leurs collègues plus âgés. C’est maintenant au tour des jeunes diplômés de la génération Z de pénétrer le milieu des entreprises. Les organisations pourront profiter de leur grande capacité d’adaptation, de leur savoir numérique et de leur aisance naturelle à composer avec les cultures d’entreprise en évolution que les millénariaux ont contribué à mettre en place.

Pour la première fois de l’histoire, nous voyons la première génération du tout numérique côtoyer une génération qui est entrée sur le marché du travail alors qu’aucun des outils technologiques actuels n’existait (pour ne mentionner que l’internet, les ordinateurs modernes et les téléphones portables). Alors que les générations plus âgées ont dû apprendre à faire usage de ces nouvelles technologies au quotidien, spécialement durant la pandémie, la génération Z, en revanche, n’a jamais vécu sans elles.

Depuis que la pandémie a forcé les organisations à passer au télétravail, la culture qui a bercé la génération Z fait l’envie de tous. Les baby-boomers et les X, moins habiles avec les nouvelles technologies, ont été contraints de s’adapter aux diktats du travail à distance. Bien que cela ait pu causer des tensions intergénérationnelles, l’adoption massive de la technologie aura permis de rétablir un tant soit peu les disparités entre les natifs du numérique et les autres.

Rappelons-nous qu’avant même la pandémie, plusieurs d’entreprises cherchaient des manières d’intégrer des horaires de travail flexibles et le travail à distance dans le cadre organisationnel. La COVID-19 a forcé la réflexion et démontré aux employeurs et aux grandes entreprises les avantages durables du travail à domicile.

L’époque où les bureaux luxueux et coûteux étaient la norme est révolue. On découvre aujourd’hui de nouvelles façons de travailler en adoptant des formules souples de travail qui permettent de diminuer les coûts d’exploitation. Cela donne aux entreprises plus de latitude pour investir dans les récentes technologies de pointe, leur attirant du coup un bassin de recrues ravies de jouir d’une flexibilité accrue.

Malgré leur pouvoir d’influence et les tendances lourdes qui leur sont favorables, les millénariaux, entrés sur le marché du travail au plus fort de la récession de 2008, et les membres de la génération Z ont été passablement éprouvés par l’insécurité financière ou sociale. Selon un rapport publié en 2019 par l’American Psychological Association, le niveau d’anxiété moyen des jeunes adultes qui arrivent sur le marché du travail est plus élevé que celui des générations précédentes. La santé de certains Z, en particulier ceux qui habitent seuls ou qui viennent de s’installer dans une ville, dépend des interactions sociales, ce que seul permet un travail en présence d’autres collègues.

La période de changement que nous vivons n’est facile pour personne. Toutefois, les possibilités de s’épanouir et de contribuer à façonner l’avenir du pays sont nombreuses pour ceux qui savent s’adapter. De plus en plus, les employeurs seront appelés à tenir compte des valeurs de la génération Z, à leur prêter l’oreille et à se réinventer en matière d’organisation du travail.

Selon le magazine Forbes, les membres de la génération Z – qu’ils soient consommateur ou travailleur – s’intéressent d’abord aux entreprises qui appuient les politiques de développement durable et reconnaissent les droits de la personne. Il y a dix ans, les millénaires n’en pensaient pas moins, mais les entreprises de l’époque n’harmonisaient pas leurs objectifs de responsabilité sociale et leurs objectifs commerciaux, ce qui passait encore…

De nos jours, les réticences institutionnelles à l’égard de la responsabilité sociale semblent sur le point de céder. Bay Street embrasse le mouvement antiplastique, appuie les sommets sur le changement climatique et les allocations de ressources pour les initiatives vertes. Selon une étude réalisée par le Centre canadien pour la mission de l’entreprise, 78 % des Canadiens estiment que les entreprises canadiennes devraient en faire plus pour améliorer la société. Tout cela témoigne de l’évolution des entreprises canadiennes et des pressions qu’elles subissent pour améliorer non seulement leur valeur actionnariale, mais aussi leur performance en matière sociale.

Tout comme les générations précédentes, la génération Z est appelée à participer à l’histoire. La pandémie est parvenue à façonner notre manière d’appréhender le travail, et ce, dans toutes les sphères d’activité. Elle marquera aussi un tournant décisif et durable dans la vie de la génération Z.

Les gens s’interrogent avec raison sur l’avenir du monde du travail. On soupèse le choc de l’automatisation, on analyse les tendances du marché et on scrute les politiques publiques. Il est maintenant temps de s’intéresser de plus près à la génération Z.

[1] https://www.ft.com/content/0dec0291-2f72-4ce9-bd9f-ae2356bd869e https://www.bnnbloomberg.ca/generation-z-takes-a-heavy-jobs-hit-from-covid-19-in-canada-1.1433664[2] https://www.forbes.com/sites/esade/2019/03/13/csr-purpose-brands-and-gen-z/?sh=42ae584e1584 [3] https://navltd.com/insights/ccpc/barometer-09-2020/

fb_btn tw_btn

À propos de l'auteur :

Jamie Crawford-Ritchie
Jamie Crawford-Ritchie | CONSEILLÈRE PRINCIPALE
LinkedIn icon

Jamie Crawford-Ritchie est une Conseillère basée au bureau de Toronto. Elle est titulaire d’un Baccalauréat en Arts de l’Université de Western Ontario et d’un doctorat en Relations Publiques.

Jamie Crawford-Ritchie est titulaire d’un Baccalauréat en Arts, majeure en Sociologie, de l’Université de Western Ontario. Dans sa dernière année, Jamie a travaillé avec le London Poverty Research Centre. Elle est également titulaire d’un diplôme de troisième cycle en Relations Publiques et Communications d’Entreprise du Seneca College.

Avant de rejoindre Navigator, Jamie a passé deux ans au sein de l’équipe de Stratégie d'affaires et de communications d'Infrastructure Ontario.

Vous avez aimé?

Activier Les Notifications