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Perspectives | Édition 11

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Mission critique : pourquoi le monde a besoin des minéraux canadiens

16 novembre 2022
Tasha Kheiriddin
Tasha Kheiriddin | DIRECTRICE
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Il ne s’est pas passé une seule journée en 2022 sans que l’on rapporte une nouvelle catastrophe climatique. De la mousson qui a submergé un tiers du Pakistan à la sécheresse extrême et aux incendies de forêt en Espagne, en passant par les ouragans Fiona et Ian qui ont dévasté les communautés côtières du Canada et des États-Unis, peu de pays ont été épargnés. Et si les prédictions scientifiques sont exactes, la situation ne fera qu’empirer au fil des ans.

Alors que le monde s’efforce de réduire les émissions de CO2 pour atténuer la menace, on nous annonce de meilleurs jours grâce à l’électrification. Outre sa promesse de préserver la planète, le virage électrique offre aux entreprises de vastes possibilités en termes de nouvelles technologies, d’économies d’énergie et de réduction des coûts.

Ce changement vient avec son corollaire : un approvisionnement abondant et fiable en minéraux essentiels. Les batteries électriques nécessitent du cobalt, du lithium et du nickel, pour lesquels la demande est insatiable. McKinsey & Company estime que le marché mondial des batteries augmentera d’environ 20 % par année pour atteindre 360 milliards de dollars américains en 2030. De son côté, la Banque mondiale prévoit que la demande mondiale de minéraux stratégiques pourrait augmenter de 500 % au cours des 30 prochaines années. Pour le lithium et le graphite, cette voracité des marchés pourrait se chiffrer à 4 000 %.

Mais si la demande pour ces minéraux ne peut être comblée, l’électrification à grande échelle sera un échec. Et c’est ici que le Canada entre en jeu.

Avec ses 200 mines actives dans tout le pays, le Canada est déjà un important producteur de minéraux critiques, notamment de nickel, de potasse, d’aluminium, d’indium, de niobium, de métaux du groupe du platine, de concentré de titane et d’uranium. Le Canada a également le potentiel de fournir des quantités importantes de lithium, de cobalt, de graphite, de cuivre et d’éléments de terres rares à un monde affamé d’énergie. Réparties dans plusieurs territoires, dont la Colombie-Britannique, les Territoires du Nord-Ouest, le Québec et le « Cercle de feu » de l’Ontario, ces réserves minérales constituent un outil de développement économique considérable, en particulier pour les communautés des Premières Nations qui pourraient bénéficier de leur extraction.

Le Canada a également un autre avantage à faire valoir : sa relation avec les États-Unis. En janvier 2020, les deux pays ont annoncé un plan d’action conjoint pour la collaboration dans le domaine des minéraux critiques. Les États-Unis avaient commencé à s’intéresser à l’exploration minérale sous l’administration Trump, mais ils ont fait un pas de plus sous Biden, en annonçant le financement de projets miniers à l’étranger en vue d’obtenir les minéraux critiques nécessaires à la fabrication de technologies durables. Ce nouveau programme est motivé par des facteurs géopolitiques dans un contexte où le rival politique et économique qu’est la Chine domine le marché des minéraux critiques.

En juin 2022, les États-Unis ont établi un Partenariat pour la sécurité des minéraux (Minerals Security Partnership) avec une foule de pays, dont le Canada, afin « d’octroyer une garantie de prêt ou des services de financement par emprunt » aux pays dont les réserves sont abondantes. Le Congrès a en outre adopté une mesure de crédit d’impôt dont la moitié est liée à l’obligation de fabriquer des véhicules verts à partir de minéraux extraits ou transformés aux États-Unis ou dans tout autre pays ayant signé un accord de libre-échange avec les États-Unis, ce qui place le Canada en tête de liste.

Le gouvernement canadien n’a pas raté l’occasion et a publié un document de consultation sur les minéraux critiques cet été, la stratégie complète devant être publiée à l’automne. Le dernier budget fédéral a prévu jusqu’à 3,8 milliards de dollars pour la mise en œuvre de cette stratégie dont jusqu’à 1,5 milliard de dollars destinés à l’infrastructure de la chaîne d’approvisionnement, 144 millions de dollars pour la recherche et le développement technologique et un crédit d’impôt de 30 % pour l’exploration minière. Ces efforts ont également le potentiel de faire progresser la réconciliation avec les Autochtones dans les communautés locales.

Dans un monde tourmenté par l’incertitude climatique et géopolitique, le Canada représente une source d’approvisionnement stable et sûre sur laquelle on peut s’appuyer pour créer un monde neutre en carbone. Les gouvernements d’ici et d’ailleurs sont disposés à encourager le déploiement d’une industrie qui profitera non seulement au Canada, mais à toutes les nations de la planète. C’est maintenant au tour des investisseurs et à l’industrie de se mobiliser pour faire du Canada la superpuissance énergétique dont le monde a besoin.

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À propos de l'auteur :

Tasha Kheiriddin
Tasha Kheiriddin | DIRECTRICE
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Avec plus de vingt ans d'expérience dans les domaines des médias, de la politique et de la communication, Tasha est l'un des principaux commentateurs, analystes et penseurs stratégiques du Canada. Elle est heureuse d'offrir cette expertise aux clients de Navigator en tant que directrice.

Parfaitement bilingue, Tasha a été directrice des communications et vice-présidente de plusieurs grands instituts politiques canadiens, dont l'Institut économique de Montréal, l'Institut Fraser et la Fédération canadienne des contribuables. Elle a également dirigé sa propre société de conseil en communication, conseillant ses clients en matière de stratégie, d'élaboration de messages et de formation aux médias. Au cours de sa carrière dans les médias, elle a animé le Tasha Kheiriddin Show sur Global News Radio, coanimé l'émission National Affairs sur CTV News Channel, et a été membre du comité éditorial et chroniqueuse au National Post, chroniqueuse à iPolitics.ca, productrice à CBC Newsworld, et animatrice-productrice primée à la chaîne Cable Public Affairs Channel. En 2016, le Réseau des femmes exécutives a nommé Tasha l'une des "100 femmes les plus influentes" du Canada pour son travail dans les médias et les communications.

Aujourd'hui, Tasha continue d'écrire une chronique politique hebdomadaire pour la chaîne de journaux Postmedia et de fournir des analyses aux réseaux de radio et de télévision dans les deux langues officielles. Auteure accomplie, elle est coauteure de deux livres à succès, dont le récent The Right Path : How Conservatives Can Unite, Inspire and Take Canada Forward (Le Droit Chemin : comment les conservateurs peuvent unir, inspirer et faire avancer le Canada).  Diplômée en droit de l'Université McGill, Tasha a donné des cours dans le cadre des programmes d'études canadiennes et d'études nord-américaines de l'Université McGill et est actuellement chargée de cours à l'École de politique publique Max Bell.

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