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LA CRISE DE LA COVID-19 a été très révélatrice de la nature humaine. Elle a d’abord montré à quel point les gens peuvent être solidaires. Mais elle a aussi révélé les inégalités systémiques qui sont au cœur de la structure économique et de l’organisation sociale. Alors que le monde attend des gouvernements qu’ils mènent la lutte à la pandémie, on demande aux entreprises de contribuer au combat contre ces inégalités qui sont devenues si évidentes. Ceci afin de créer une « nouvelle normalité ».
Il n’est pas étonnant que le public s’attende à ce que les entreprises participent à la réforme de la société. Depuis quelque temps déjà, on discute de la manière de moderniser le capitalisme, notamment en modifiant la mission des sociétés. On assiste actuellement à un mouvement social qui ne perçoit pas le rôle des entreprises de la même manière que les générations précédentes : plutôt que de simplement mettre l’accent sur les bénéfices ou sur la valeur pour les actionnaires, on exige aujourd’hui des entreprises qu’elles apportent une contribution positive à l’ensemble des parties prenantes.
Pour que la mission d’entreprise se déploie réellement de cette manière, l’entreprise doit s’efforcer de relever les défis auxquels font face les parties prenantes et les communautés dans lesquelles elle exerce ses activités. En effet, la volonté de repenser la mission de l’entreprise est alimentée par le désir du public de voir les entreprises faire leur part pour relever les grands défis mondiaux de l’heure comme les changements climatiques, l’inégalité des richesses, le racisme systémique ou la pandémie de COVID-19.
Il s’agit là d’un tout nouveau niveau de responsabilité imposé aux entreprises. L’époque où celles-ci n’avaient qu’à se soucier des paramètres financiers, tels que les marges, la productivité ou les bénéfices, est révolue. Aujourd’hui, elles doivent évaluer – et corriger le tir au besoin – les répercussions de ses activités sur un ensemble de sujets socialement sensibles comme l’environnement, le racisme, la pauvreté, l’égalité des sexes, etc.
Ces responsabilités accrues s’accompagnent d’une attente d’action concrète et authentique de la part des entreprises pour qu’elles s’attaquent à ces questions importantes en leur sein même. En plus de devoir surveiller et améliorer les retombées de leurs activités à l’interne et à l’externe, les dirigeants sont désormais tenus de s’exprimer publiquement sur ces questions. On part du principe que lorsqu’un individu, une organisation ou un gouvernement ne répond pas aux attentes du public concernant un enjeu social particulier, les entreprises doivent se retirer ou rompre leurs liens avec la partie« fautive », ou encore exercer sur cette dernière une certaine pression pour influencer et encourager de meilleurs comportements ou résultats.
Les trois niveaux de responsabilité qui échoient maintenant aux entreprises sont liés entre eux. Les entreprises doivent utiliser les moyens à leur disposition pour influencer favorablement les communautés, le monde et la société; pour modifier leurs pratiques internes, afin de ne pas entraver ou pour faire progresser des réformes sociales importantes et nécessaires; et enfin pour augmenter leur capacité d’influence. Tout cela en même temps. Et les événements des dernières semaines nous ont clairement démontré qu’une organisation qui s’exprime en faveur d’une cause sociale importante sans avoir pris soin au préalable d’adopter des mesures internes pour faire avancer cette même cause commet une grave erreur de relations publiques…
Les chefs d’entreprise auront sans aucun doute besoin d’aide pour s’acquitter de leurs nouvelles responsabilités. Ils devront s’assurer que leur organisation ait des orientations claires et réponde aux attentes du milieu. Le nouveau Centre canadien pour la mission de l’entreprise aidera les entreprises et les organisations canadiennes à redéfinir, renforcer et promouvoir leur mission et leurs valeurs dans le cadre de leurs activités, à revoir les retombées de leurs activités sur l’ensemble des parties prenantes et à encourager les autres intervenants à faire de même.
Il ne sera pas facile pour les entreprises de répondre aux attentes changeantes du public et de la société civile. Néanmoins, le mouvement en cours montre clairement que des changements dans le régime capitaliste tel qu’on le connaît se profilent à l’horizon. Avec le changement vient l’incertitude. Ce qui est certain, cependant, c’est que la mission de l’entreprise est plus importante que jamais. Espérons que les effets de la pandémie COVID-19 inciteront les chefs d’entreprise à adopter une nouvelle approche en matière de gouvernance, ce qui constituerait un premier pas important vers la modernisation du capitalisme et aiderait l’humanité à relever les défis d’aujourd’hui.
Voilà un objectif qui vaut la peine d’être poursuivi.