Aujourd’hui, le Parti Conservateur est dirigé par un jeune chef qui travaille en collaboration avec plusieurs jeunes députés prometteurs et dispose de fonds dont l’abondance frise l’absurdité.
Cet article est d’abord paru dans le Toronto Star le 4 juin 2017.
La campagne à la chefferie est maintenant terminée, mais elle a ouvert un nouveau chapitre pour ce parti qui avait besoin de renouveau.
Tout parti qui a été au gouvernement et qui est ensuite défait fait face à certains défis. Sa marque a été ternie par les critiques des partis de l’opposition et des médias. Ses acteurs sont fatigués et les récriminations ne tardent pas à se manifester.
Le renouveau peut être un processus long et difficile qui peut s’échelonner sur plusieurs cycles électoraux. Les situations vécues par le Parti Libéral fédéral en 2006 et par le Parti progressiste conservateur de l’Ontario en 2003 démontrent bien comment un exil temporaire peut se transformer en traversée du désert.
Le Parti Conservateur du Canada a de quoi célébrer depuis le week-end dernier.
On aurait pu croire qu’à l’issue d’une si longue campagne au leadership, le parti n’aurait pas tant de raisons de se réjouir. Les commentateurs et les analystes des médias avaient qualifié les concurrents de has been ou d’amateurs et avaient insisté sur le fait que les joueurs les plus éminents avaient décidé de ne pas se présenter. Ils avaient qualifié les politiques proposées de sans intérêt.
Mais aujourd’hui, le Parti Conservateur se trouve en bonne position.
Son financement déjà prodigieux a augmenté, même en plein cœur d’une campagne au leadership dont les 14 candidats recueillaient des fonds auprès du même bassin de donateurs.
Les grands acteurs dont les médias ont dit qu’ils étaient restés à l’écart de la course sont simplement passés à autre chose. Jason Kenney est déménagé en Alberta et s’est joint au mouvement conservateur de sa province, offrant ainsi à celle-ci une occasion de rejoindre la famille conservatrice lors des prochaines élections.
John Baird et Peter MacKay sont retournés dans le monde du travail, mais ont signalé leur intention de soutenir vigoureusement le parti.
Et, plus important encore, les candidats qui ont été relégués au deuxième niveau ont démontré leur capacité à assumer des responsabilités.
Au Canada, le mouvement conservateur a tendance à éclater de temps à autre. La scission qui a eu lieu en 1993 entre les progressistes conservateurs et le Reform Party, et la scission entre les partis de droite en Alberta sont les exemples les plus récents de la fragilité du mouvement.
Autrefois, un résultat aussi serré que 50,5 contre 49,5 pour cent dans une course au leadership aurait eu pour effet, à tout le moins, d’accroître les tensions et les frustrations au sein du parti. Mais les dirigeants et les activistes du parti semblent être conscients de l’importance fondamentale d’afficher un parti solide et uni pour affronter les libéraux avec succès.
La course au leadership a permis d’attirer l’attention sur de nouveaux visages. Plusieurs députés qui étaient plutôt dans l’ombre pendant l’ère Harper sont devenus des acteurs importants.
Erin O’Toole, Maxime Bernier, Michael Chong et plusieurs autres candidats ont peut-être perdu la course au leadership, mais ont assurément rehaussé leur profil. Chacun d’entre eux peut se vanter d’avoir communiqué sa perspective aux membres du parti, d’avoir fait des adeptes et d’avoir augmenté sa visibilité médiatique. Ils ont eu peine à sortir de l’ombre des joueurs conservateurs plus imposants du gouvernement Harper, mais ils sont su démontrer qu’ils étaient prêts à prendre les rênes du parti.
L’élection d’Andrew Scheer à la tête du parti annonce la fin d’un Parti Conservateur parfois rigide. M. Scheer semble résolu à donner à son parti un cadre axé sur la croissance pour les Canadiens. Ce ton sera le bienvenu chez les membres du parti.
Les courses au leadership laissent souvent dans leur sillage des égos blessés et des plaies ouvertes. S’ensuivent souvent des périodes d’introspection et de frustration.
Rien de tel n’a transparu de façon évidente cette semaine.
Au contraire, les nouveaux occupants des premières banquettes conservatrices semblent satisfaits des résultats et ravis de l’orientation du parti. Aucun signe du mécontentement et des récriminations habituels.
Bon nombre de députés conservateurs sont nouvellement élus; le renouvellement générationnel faisait partie des objectifs de la machine politique Harper à l’approche des élections de 2015.
Il s’agit d’une voie choisie avec prévoyance. Aujourd’hui, le Parti Conservateur est dirigé par un jeune chef qui travaille en collaboration avec plusieurs jeunes députés prometteurs et dispose de fonds dont l’abondance frise l’absurdité.
Du soleil à l’horizon en effet!
Jaime Watt est président exécutif de Navigator Ltd. et stratège conservateur.