Les bandes dessinées Marvel sont maintenant sur Comixology Unlimited, ce qui signifie que les abonnés de Comixology Unlimited peuvent accéder aux œuvres de Marvel. Cela peut sembler du charabia pour les personnes qui ne s’intéressent pas aux bédés, mais croyez-moi, il s’agit d’un grand événement pour quiconque investit dans cet art. Pour les autres, cela démontre à quel point le monde de l’édition change.
Par analogie, disons que Comixology Unlimited est le Netflix de la bande dessinée. Comixology Unlimited est un rejeton de Comixology, une boutique en ligne de bédés numériques, à la différence qu’Unlimited propose un modèle d’abonnement. Marvel est une marque majeure dans le monde des bandes dessinées. Pour six dollars américains par mois (le service n’est pas encore disponible au Canada), les utilisateurs ont un accès illimité à une bibliothèque pratiquement infinie de titres en alternance. On y trouve de tout : des super-héros, des mangas, des romans graphiques et maintenant des Marvel – mais pas de CD.
De nombreux fans de bédés, de spécialistes et de stratèges du numérique n’ont jamais cru que ce jour viendrait. Le fait que Marvel s’associe à Comixology Unlimited démontre à que la dynamique entre les revendeurs et les éditeurs a changé, et ce, grâce aux médias numériques.
La plateforme Internet est si vaste et complexe que les revendeurs sont devenus un intermédiaire obligé entre les éditeurs et les consommateurs. Pour dénicher de nouveaux consommateurs, il importe de connaître les sites qu’ils fréquentent et leurs habitudes d’interaction avec des contenus similaires, puis d’optimiser le contenu du site en conséquence afin que ceux-ci puissent le trouver aisément. La publicité ne pourra pas tout faire. Toute le monde sait que lorsqu’une offre n’est pas accessible dans sa forme la plus commode, les consommateurs se tournent vers quelque chose d’approchant. À titre exemple, un consommateur qui ne trouve pas sur Netflix l’émission qu’il a en tête finira souvent par opter pour un contenu similaire offert par un autre réseau de diffusion.
Pour bâtir un auditoire en ligne, il importe d’abord s’assurer que les gens accèdent au contenu de la manière la plus simple possible. Offrir son contenu chez un revendeur comme Netflix devient la règle. Pour les émissions de télévision, il y a Netflix. Pour les sites Web, il y a Google. Éventuellement, les éditeurs de bandes dessinées devront se tourner vers Comixology Unlimited.
Quelles sont les raisons qui ont poussé Marvel à joindre au réseau de Comixology? Marvel n’a pas vraiment besoin d’argent, il produit déjà de très grands films. Ce mois-ci, il y aura davantage de personnes qui regarderont le deuxième volet des Gardiens de la Galaxie que de personnes qui téléchargeront l’application Comixology Unlimited durant toute l’année. Bien que Marvel soit présent ailleurs que sur le réseau de la bande dessinée, il faut reconnaître le succès de Comixology auprès des lecteurs de bandes dessinées, un créneau plus large que celui des fans proprement dits. Même si Mickey Mouse et Robert Downey Jr. est de son côté, Marvel n’a d’autre choix que de passer par les revendeurs pour atteindre les consommateurs convoités : les amateurs de bandes dessinées au sens large.
Marvel n’offre pas l’entièreté son catalogue sur Comixology, mais une très belle sélection. Une grande part du mérite de cette réalisation revient à Comixology. Sachant d’avance qu’il serait impossible d’offrir les versions de Batman ou de Spider-Man, l’entreprise avait fait le choix d’offrir tous les titres des autres éditeurs. Il s’agissait d’une décision judicieuse: puisque les amateurs de titres moins connus ont tendance à être des lecteurs plus fervents, ils sont plus susceptibles non seulement de maintenir leur abonnement à Comixology Unlimited, mais aussi de s’intéresser à d’autres titres recommandés par l’application. Pour Marvel également, cela tombait aussi sous le sens. En offrant certains de ses livres les plus populaires aux lecteurs les plus passionnés, Marvel a accru la probabilité qu’un de ceux-ci lise l’un de ses livres et finisse par devenir un client fidèle.
Les applications dans le domaine des affaires publiques sont évidentes. Dans un univers qui regorge d’options et de contenus pratiquement illimités, les éditeurs ont le devoir de connaître leurs publics. Marvel a dû reconnaître que ce ne sont pas tous les amateurs de livres de bandes dessinées qui en lisent couramment, et que tous les lecteurs de bédés n’achètent pas des éditions numériques. Le choix de cette première vague de titres Marvel offerte sur Comixology Unlimited est délibéré. En s’associant à Comixology Unlimited, Marvel ne vise pas n’importe qui. Il vise des lecteurs de bédés en mode numérique.
C’est évidemment une bonne chose pour Marvel et cela aide également Comixology Unlimited à attirer le large public de Marvel qui pourrait être intéressé par des bandes dessinées moins traditionnelles. Selon plusieurs, il s’agit d’une grande victoire pour le petit joueur qu’est Comixology Unlimited. Le plus petit des revendeurs numériques du livre a obtenu l’adhésion de l’un des géants de l’industrie. Le nouveau X-Men de Marvel sera traité de la même manière que le dernier numéro de Saga, ce qui est plutôt cool pour les lecteurs de bédés, mais Marvel ne le voit probablement pas de cette façon. Ce qu’il entrevoit, c’est une opportunité d’utiliser un revendeur pour accroître son lectorat.